Précision de la pensée, distinction du langage, on peut douter du fait que le « Cahier des Plaintes, doléances et remontrances » de Bucey-en-Othe ait été rédigé par les seuls habitants de la communauté même si les signataires sont loin d’être analphabètes. Qu'on en juge par l’élégance du style employé dans les pages concernant la Noblesse et les Seigneurs. Et là, encore prenons acte du respect porté au souverain :
« Malgré tous les soins de notre Roi pour éteindre jusqu'au nom de servitude en France, ils ne sont pas encore parvenus à donner une égale liberté à tous leurs sujets. Les plus puissants exercent encore sur les plus faibles des droits qui tiennent toujours de l'ancienne barbarie de nos ancêtres... »
Il ne viendrait à l'idée de personne que les considérants, les remarques, les reproches, les solutions envisagées, les doléances enfin, n'aient été le fruit d'une intense réflexion morale, philosophique, politique au plus haut niveau de la nation avant d'être répercutés sur les différentes communautés. Et sans aucun doute Jean-Thomas Bonnemain, qui sera quelques années plus tard élu député à la Convention Nationale, fut l’un de ces « passeurs d’idées ».
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Humaniste avant d’être révolutionnaire - ou tout simplement prudent -il ne vota pas la mort de Louis XVI (4). Homme de modération, il vota l’appel au peuple et le sursis.
Dans leur majorité, les neuf députés de l’Aube firent preuve de la même modération (4).
Trois d’entre eux votèrent la mort du roi:
Edme-Bonaventure Courtois, receveur du district d’Arcis-sur-Aube Louis-Antoine Robin, marchand à Nogent-sur-Seine
Antoine-Marie Garnier, procureur de la commune de Troyes
Les six autres se prononcèrent pour « la détention pendant la guerre et le bannissement à la paix » :
Pierre-Nicolas Perrin, maire de Troyes
Claude Duval, juge au tribunal de Bar-sur-Seine Jean-Thomas Bonnemain, juge au tribunal d’Ervy
Josep-Nicolas Pierret, administrateur du directoire de Bar-sur-Aube Jean-Claude Douge, administrateur du département et propriétaire
Jean-Paul Rabault de Saint-Etienne, pasteur. (Il sera guillotiné le 5 décembre 1793)
Durant le Consulat, il reçut du gouvernement de Bonaparte le titre de président du tribunal d’Arcis-sur-Aube. Il y mourut le 14 avril 1807.
La Société des Amis des Noirs
Plus haut, j’ai écrit : « en avance sur son temps ». Il n’est qu’à lire les lignes qui suivent pour en faire le constat. Pour bien en saisir la portée, quelques rappels.