C’est dire que l’élevage y est chose facile. Cependant, M. Dechambre qui l’exploite depuis seize ans - il a encore cinq ans de bail à accomplir - possédait ces années dernières une vachère plus importante que celle d’aujourd’hui.
Mais comme ce cultivateur, qui est très attaché à la terre, doit compter, il s’est rendu compte que la vente du lait ne lui donnait pas un revenu suffisant ; et comme son voisin, M. Delattre-Gerbault il en a abandonné la production.
Il faut dire aussi que la difficulté de se procurer des vachers entre pour une grande part dans cette détermination ; trop souvent, les bêtes étaient changées de mains et des accidents se produisaient.
Mais enfin, si le produit de la laiterie avait compensé ces pertes, M. Dechambre aurait pu continuer à s’y intéresser. Les grosses maisons de laiterie du rayon s’abstenant de toute concurrence, la ferme du Château, qui comptait trente-deux bêtes laitières a cessé totalement sa production journalière de 300 litres.
Il lui reste maintenant vingt-cinq vaches en comptant les génisses qu’elle élève pour les vendre pleines aux marchands de bestiaux.
Un décrotteur de betteraves mu au moteur alimente un coupe-racine. Les betteraves sont littéralement raclées dans ce grand cylindre, puis les lamelles giclent à plusieurs mètres de distance, comme une véritable pluie, ce qui permet de faire facilement le mélange avec les menues-pailles. On se rendra compte de l’avantage de cet appareil quand on saura qu’un homme coupe quatre mètres cubes de betteraves en 40 minutes.
Autrefois, il fallait à trois femmes rien que pour faire le travail de décrottages, toute une demi-journée à condition encore qu’il ne fasse pas froid.
La vacherie s’étend en longueur : elle est installée dans l’ancien four banal dont on remarque encore l’ouverture. On n’y élève pas de race spéciale : une des vaches produit trente- deux litres de lait par jour.
Le mouton tient aussi une grande place dans l’élevage de la ferme. Il comprend un troupeau de trois cents têtes, qui n’a pour ainsi dire pas quitté les champs cet hiver.
Les agneaux de septembre dernier vont être tondus la semaine prochaine et livrés aux bouchers qui se les disputent. Ils seront bons pour Pâques. M. Dechambre ne fait que l’agneau blanc. M. Godet de Souleaux, lui fournit des béliers Disley-Mérinos.
Pour la cavalerie, on compte actuellement dix-huit chevaux, en comprenant dans ce chiffre les poulains qui sont actuellement au pré et qu’on rentre tous les jours. Ces bêtes sont également préparées pour le commerce.
Ajoutons que dans la basse-cour on remarque seulement la poule gâtinaise, qui ressemble à la Leghorn, mais qui a les pattes blanches au lieu de les avoir jaunes. Cette variété bien acclimatée est très en faveur.
L’article est coupé et reprend sur une autre colonne. Il doit être consacré à l’utilisation du lait.
…….à cette époque déborde les besoins de la consommation. Il est entièrement consacré à la fabrication du fromage.
On fabrique à Fontvannes le fromage à pâte molle dit « Port-Salut » à raison d’un cent par jour de travail.
Le lait caillé est mis en moules et enveloppé dans de petites toiles, puis ces moules sont mis pendant cinq ou six heures sous des presses articulées dont un contrepoids maintient l’action toujours égale. Puis on sale les fromages, on les met en cave pour affinage et on les vend au bout de trois semaines à deux mois.
Ces fromages de grand diamètre pèsent un kilogramme cinq cents et ils demandent quatorze litres de lait pur. Ils sont revendus 8 francs 50 le kilo à Paris et dans le Nord sous la marque « Port-Salut de Notre Dame du Chêne ».
Les déchets de la laiterie permettent d’élever quatre-vingt-douze porcs qui proviennent de la ferme de M. Turin à Lusigny. On les vend quand ils pèsent 105 kilos.