Sous le titre “L’hommage aux Glorieux Morts”, et dix ans après le commencement du conflit, voici, comme si vous y étiez, la relation de l’inauguration du Monument aux Morts telle qu’ont pu la vivre puis la lire dans le Petit Troyen vos arrière-grands-parents.
“ Le 13 juillet, a eu lieu sous la présidence de M. Lesaché, député de l’Aube, l’inauguration du monument élevé à la mémoire des enfants de Bucey, morts pour la France.
À dix heures, un service religieux était célébré à l’église.
À 14 heures 30, réception des délégations à la Mairie, et à 15 heures, départ du cortège vers la place du carrefour, où s’élève le Monument édifié par M. Dormeux, de Troyes, sous la direction de M. Beltier architecte.
En tête du défilé, conduit par M. Maret d’Estissac, marchaient la Patriote, Société de gymnastique d’Estissac, la Lyre Fraternelle d’Estissac, les enfants des Écoles, une délégation de la 14ème section des vétérans de 1870, les jeunes filles et les jeunes gens du pays , la section locale des Anciens Combattants à laquelle s’étaient joints de nombreux Combattants des pays voisins, le Conseil Municipal. Les Notabilités prennent place sur la tribune, puis M. le Maire prend le premier la parole.
- “Depuis quelques années, dit-il, dans toutes les communes de France, des cérémonies semblables à celle qui nous réunit aujourd’hui, sont organisées. La Commune de Bucey-en-Othe s’est fait aussi un devoir d’ériger un monument à la mémoire de ses enfants tombés au champ d’honneur pour la défense du territoire national. Nous sommes profondément reconnaissants à ceux qui sont venus commémorer avec nous le souvenir de nos glorieux morts.
Le maire adresse ses remerciements aux notabilités et à toute l’assistance, puis fait l’appel des glorieux morts. À l’appel de chaque nom, M. Toulouse Paul, ancien sous-officier répond : “Mort au Champ d’honneur” et une gerbe de fleurs est donnée au pied du monument, à chaque nom, par les enfants des écoles. “
La Tribune de l’Aube sera plus prolixe. On sait que le maire est M. Jaillant, le desservant, M. l’abbé Dalos, le secrétaire de la Ligue des Combattant, M. Morel, son délégué M. Dubois, le conseiller d’arrondissement est M. Somny; le conseiller général, M.Gateau. M. Satie, conseiller de préfecture, représente le gouvernement. . Le journal donne le nom des treize jeunes hommes gravés dans la pierre : Albert Bondon,Gorges Canier, Edgard Deslost, Maurice Flogny, Louis Fourrois, Marcellin Fromont, André Gente, Gustave Herluison, André Houplon, Ernest Huchard, Arthur Jacob, Paul Jopuvenot, Albert Richel.
“ Du très beau et très émouvant discours de Monsieur le Maire de Bucey, nous extrayons les passages suivants:
- En quelques mots courts comme une action, je voudrais apporter un suprême hommage, un denier salut à nos héros tombés au champ d’honneur. Sans doute, nos manifestations si grandioses qu’elles puissent être, ne seront jamais à la hauteur de leur sacrifice.
Vous souvenez-vous, et il faut s’en souvenir, des tristes jours du mois d’août 1914? L’ennemi, avec une infernale habileté, avait fait croire au monde entier que nous étions un peuple en décadence, et que, en inspirant la terreur, en pratiquant la barbarie, il nous mettrait à ses pieds.
Mais ils étaient là, nos soldats. La ruée monstrueuse, la vague banditique se heurta un 8 septembre à la vigueur française et ce jour-là le droit eut raison de la force.
Y eut-il des photographies de la cérémonie ? Si c’était le cas, qu’elles aient été conservées dans les familles ou rangées dans une collection, elles constitueraient un intéressant témoignage.
Recherches : Yves Bernaudat.
Texte : Robert Poisson.
Bucey-en-Othe, mai 2008.